
A Fresco of Yi Chen Adorns the town hall
Text/ Jean-François Albelda
Le Nouvelliste
The Chinese artist has created a great painting in tribute to the landscape of her adopted region Lens.
…”She is the first artist outside Swiss French-speaking area whose work we buy. It is a beautiful painting for us” said David Bagnoud…
The landscape, a first landscape painting for the artist.
At the origin of this impressive work, we find a joke, and almost an incomprehension…
Indeed, Yi’s painting is neo-expressionist, plays with the codes of abstraction and always unfolds in correlation with the burning themes of the time…
She paints on the theme of birth, existential disorder, the disappearance of animal species, on the tough reality of refugees, on choking in the era of covid… And often humans are crunched in their voracity and predatory tendency in interlacing which reminds Jean-Michel Basquiat.
“For me, art should steer, show the difficult realities of this world”…

Lens, I love you!
Triptyque de Lens par Yi Chen
Text/ Christophe Flubacher
13/09/2020
Art historian, former director of Pierre Arnaud Foundation (Switzerland)
Elle aurait pu se contenter d’une carte postale, chère aux communs des mortels, nappée de ciel bleu et de dentelle de neige sur les sommets. Elle aurait pu l’agrémenter de passants qui déambulent autour du Louché ou cheminent le long de la rue d’En Haut. Elle aurait pu jouer les peintres bucoliques, s’inspirer de Valentine Métein-Gilliard ou encore recadrer la commune de Lens à la façon d’un Albert Muret. Elle aurait pu, elle ne l’a pas fait.
Yi Chen, artiste chinoise réputée dans son pays, arrivée en Suisse il y a deux ans et établie depuis à Crans-Montana, a peint le village de Lens comme on ne l’a jamais vu, comme on ne l’aurait jamais soupçonné. Une vue panoramique qui s’étire sur trois panneaux disposés en un triptyque résolument expressionniste: un ciel de feu, un ciel de lave incandescente parcouru d’ondes qui le strient comme une mélodie improbable. Par contraste, des montagnes d’un bleu polaire, maculées de neiges éternelles que percent, ici ou là, quelques reliquats de feu rougeoyant qui sont les balafres que le ciel dépose à son couchant. Les montagnes frissonnent, une reptation sourd de chacune d’elles, c’est un imperceptible mouvement qui les fait vivre et leur redonne cette inhospitalité première, que trop de conquêtes alpines à leurs sommets, que trop de skieurs à leurs pentes ont édulcorée et domestiquée.
Puis vient le plateau de la Louable Contrée. Yi Chen a resserré les plans, forcé les vignes du Cornalin et les green de golf à se tutoyer, cependant qu’à la périphérie de la composition court le bisse du Grans Lens et coule le Rhône immortel. Au milieu, perdu dans l’immensité d’un vert émeraude, apparaît enfin le village de Lens, fédéré par la triade identitaire du Châtelard, de St-Pierre-aux-Liens et de l’étang du Louché. Comme un Suisse qui prêterait serment d’amour et de fidélité aux Vieux Pays, tout là-haut veille le Christ-Roi majuscule, et voici que les montagnes s’écartent devant lui.
Le Triptyque de Lens surprend et étonne par la vivacité des tons employés, leur élémentaire distribution en couleurs primaires et secondaires. Ce sont des matrices de couleurs par quoi le monde est venu. Un monde que Yi Chen a voulu peindre à neuf, une monde qui s’agrège sous nos yeux, un nouveau Lens, étrange et merveilleux auquel chacun succombe.

Yi Chen Paints the Disappearance
Text/ Jean-François Albelda
Le Nouvelliste
Sa signature, le symbole qu’elle insère discrètement dans ses toiles, évoque deux rangées de dents pointues. Celles, voraces, de l’homme dont l’appétit jamais rassasié est en passe de ravager la nature bien au-delà du point de non-retour….« Les travaux exposés sont une parenthèse dans ma peinture. Mais j’ai voulu faire mon possible, donner mon temps à cette cause écologique vitale aujourd’hui », explique-t-elle. Sur les tableaux à voir à Sion, une trentaine d’espèces animales en voie d’extinction sont représentées à l’aquarelle et encre de Chine, sur fond blanc. « Dans l’art traditional chinois, le vide a beaucoup d’importance. Mes animaux sont en suspension dans ce vide. » Un cri d’alarme donc, mais poétique, délicat, élégant et engagé.

The Disappearance
Text/ Christophe Flubacher
Art historian, former director of Pierre Arnaud Foundation (Switzerland)
..Ses aptitudes artistiques la conduisent aussi vers la gravure, l’eau-forte notamment, dont elle tire un parti fascinant de simplicité: une ligne seule qui sait dire l’amour de deux corps enlacés, par la grâce d’un périple linéaire d’un seul tenant. Yi Chen est talentueuse, aussi à l’aise dans les grandes machines que dans l’intimité d’une simple aquarelle. Car c’est d’aquarelles dont il est question dans la présente avec les préoccupations géo-climatiques contemporaines. Yi peint des animaux en sursis, une faune dont la survie est aussi fragile que l’aquarelle à la liquidité tremblante et évanescente. Une grenouille dendrobate d’Amazonie, un panda perplexe, un gorille rescapé du Congo défriché, mais aussi, mes préférés, trois manchots empereur, saisi dans leur commerce avec la glace. Trois petites choses saisies avec la grâce et la finesse auxquelles les artistes chinois nous ont habitués depuis toujours. Tout y est, l’attitude tout à tour hautaine et humble, la touche anthropologique propre à ce volatile qui me fait souvent penser au pasteur réjoui et grassouillet de mon enfance à Morges, un plumage soyeux, une robe noire et blanche, le tout adouci et magnifié par la facture détrempée et par le support absorbant du papier, lequel confère à l’ensemble son velouté subtile, sa touche liquide et sa beauté vaporeuse. Toutes les aquarelles alentour, rehaussées d’encre de Chine, sont du même tonneau. Elles signifient un monde malade des hommes, elles exhibent une faune qui, dans ses plus beaux atours, vient prendre une dernière fois congé de nous…

A Meteor over the Alps: Yi Chen’s art creation
Text/ Christophe Flubacher
Art historian, former director of Foundation Pierre Arnaud (Switzerland)
…Yi Chen est l’apôtre des grands formats qu’elle associe parfois sous forme de triptyques. Son graphisme moderne et sa maîtrise des aplats de couleurs vives conjuguent sur une même toile la figuration et l’abstraction. Elle habille ses toiles de petits personnages dont la bouche occupe l’entier de la tête. Des figurines poupines qui disent « Non! » ou « Encore! », qui rampent, qui sautillent, vont et viennent, espèces invasives tour à tour inquiétantes et burlesques que le monde de la consommation, stigmatisé par de multiples collages sur la toile ou par une profusion de téléphones portables, finit par engloutir complètement. Dotée d’une patience à toute épreuve, elle constelle méthodiquement ses plages colorées de petites touches dont l’agencement très particulier génère des vibrations,profondeurs, destourbillonnements, des boursouflures, une germination pour tout dire et un dynamisme incomparable…
Yi Chen est talentueuse, aussi à l’aise dans les grandes machines que dans l’intimité d’une simple aquarelle…

An Interview on Yi Chen’s works
Interlocutors:
Meng Tian (Art Director of Luxehills Art Museum, Chengdu)
Fenqi Ding (Deputy Director of Blue Roof Museum of Chengdu)
Yi Chen (Artist)
Date:
the morning of May 11, 2018
Location:
Yi Chen’s atelier in Chengdu
The text in English/ Chinese version is published in the monograph « Yi Chen »

« Yi Chen » was published by Sichuan Fine Arts Publishing House in 2018.
« Yi Chen »
A monograph « Yi Chen » in English and Chinese version on the collection of nearly 100 pièces of art works created by Yi during 2014 – 2018 is published by Sichuan Fine Arts Publishing House in 2018. Chief editor : Mr. Huaike Li.
The Monograph is collected by Art and Archeology Library of Geneva. It is also available at Bernard Letu Library at Geneva.

Beyond the Boundary
Text/ Fenqi Ding
Deputy Director of Blue Roof Museum of Chengdu
Animals are the visual icons easily identified and frequently found in Chen Yi’s paintings. Whether portrayed as a singular subject in Wolf Playing Coins, A Captured Bird, Small Birds Series, Force-Feed a Duck, A Shower, or appeared alternately in No ! series, they are the primary subjects of “natural ecology”. No ! series specially concerns the twenty types of animals facing extinction. The iconography of animals shifted from a subsidiary position to being the protagonist among her paintings (from the summer of 2014 to the first half of 2017), and this transformation is particularly apparent in No ! series, where the perception of the image evolves from visible forms to readable subjects. In other words, the interaction between the viewer and the image does not only take place on the level of viewing, but steers the viewer into a mode of reading, or to the action of reading, which proactively generates meaning in itself.
However the increase in the number of animals and the “orderly permutations and combinations” of which that filled the canvas is not to emphasize on the details, narratives, or the background from which these literary features are drawn. Painting is only painting itself. It begins with an iconography, then returns to a narrative logic and methodology of representation itself, it faces the viewer without voicing any self-explanation. While what it is worth deciphering is often hidden behind the canvas, one that we cannot see through at first glance. Like a writer should fade behind one’s work, the “taxonomy of meaning” in a work of art likewise, shouldn’t interrupt our perception. In this process, the image is only a concrete silhouette, the original projection of the first viewing of the work, while the image represents an integral effect of the scope of its visual information as it relies on an overall explanation and integrated expression under the mode of reading.

Yi Chen Long-Lasting Preparation for Today’s Resumption
Text/ Zaobei Zhang, Kangyi Li
Chen Yi’s works are of varied styles with traces of graffiti, mixed materials, Pop art and even Chinese shui-mo (ink and water) repeatedly shown in. From the theme perspective, her deep meditations on the society and philosophy are also hidden. Two or three key words, such as expressionism, abstractionism and Xieyi free hand style and other words demonstrating existing styles are insufficient to classify her works. As Ding Fenqi, curator of the exhibition, said: “Concretely distinguishing styles and aesthetic tastes of works cannot define such artists. Painting leaves a narrow path, whose availability space merely exists on the edge of neighboring fields or boundaries, only for one person to get through, in aspects of medium, technique, style, painting language and material characteristic. It reminds me of David Hockney, a British artist, Martin Kippenberger, a German artist, and Francis Picabia, a French artist. In art history, these masters are all paragons owning expertise in varied styles and blooming creativity. The spiritual connotation of their works is: style can be changeable but not limited to form itself. As the only constant truth of art, the way of changing represents the cultural value of artists in the entire social community.”
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The Full text in English and Chinese version is published in the monograph « Yi Chen ».
Prelude of the Spring

« Yi Chen »
Text/ Jean-Michel Bouchardy
Swiss painter, former professor of Geneva University of Art and Design (HEAD)
Les gravures de Yi Chen procèdent de la tradition graphique chinoise. Elles privilégient la ligne et la surface, au détriment des effets d’ombres et de lumière, propres à l’art occidental.
Certaines de ces estampes sont exécutées à l’eau-forte. Cette technique permet à l’artiste de manifester à travers des réseaux graphiques très fins et très déliés son goût pour une élégante mouvance de couples amoureux. Ces graphismes peuvent revêtir des caractères différents, soit en se concentrant sur le centre de la surface, dans le recueillement d’une étreinte, soit en investissant toute la surface en un mouvement jaillissant.
Les gravures au lino permettent le jeu des `à-plats` et des surfaces colorées en noir ou en bleu. Les formules sont extrêmement simples et privilégient la prise de possession de la surface. Ce procédé permettant une extrême simplicité, il produit de ce fait un effet de force.

« Yi Chen »
Text/ Weijun Cao
Curator of Shanghai Gallery of Art, China
Il semble qu’au travers des œuvres de Yi Chen, l’on perçoive les mots et les chants de son âme ; parfois même, certains tableaux traduisent-ils jusqu’à l’exultation charnelle de l’artiste.
Ce que le spectateur voit de prime abord dans cette peinture, que ce soit ces rayons de soleil trouant d’épais branchages ou cette plume légère flottant dans l’azur, s’accorde et remue certains de ses sentiments parmi les plus profonds.
Que les représentations soient abstraites ou figuratives importe peu en fait, car les lignes et les couleurs qui les composent reflètent toute l’intériorité de Yi Chen où se mêlent intimement fraîcheur, douleur, tendresse, passion et solitude.